La peinture baroque

Le terme « Baroque » dans son sens actuel, comme la plupart des périodes ou désignations stylistiques, a été inventé postérieurement par la critique d’art et non par les artistes des XVIème et XVIIème siècles. C’est Heinrich Wölfflin qui impose cette catégorie esthétique en 1915 dans ses principes fondamentaux de l’histoire de l’art. Il définit le Baroque comme un art antithèse de l’art de la Renaissance.

La Renaissance ne se proposait pas de représenter la réalité du monde de l’époque mais de rechercher une beauté idéale. L’idéalisation concernait les formes, la couleur, la lumière, mais aussi les sujets, souvent puisés dans l’Histoire, la mythologie antique ou encore les épisodes bibliques. La fin du XVIème siècle et le début du XVIIème vont rompre avec cette recherche de l’harmonie idéale et prôner un réalisme parfois dramatisé à l’excès : c’est l’apparition du Baroque. Cette période très courte (environ 40 ans) sera le dernier mouvement artistique purement européen.

 Au milieu du XVIIeme siècle va apparaître le Classicisme qui sera en contradiction avec le Baroque. Le style Classique est linéaire, il s’attache aux limites de l’objet en le définissant et en l’isolant. Le style Baroque est pictural, les sujets se rattachent tout naturellement à l’environnement. Le style Classique est construit par plans, le Baroque est construit en profondeur. Le Classique est de forme fermée, le Baroque est de forme ouverte. L’unité du style Classique se fait dans la claire distinction de ses éléments, celle du style Baroque est une unité indivisible. Le Classicisme vise d’abord à la clarté, alors que le Baroque subordonne l’essence des personnages à leur relation.

Le Baroque apparaît d’abord comme une recherche de la vérité en rupture avec l’idéalisation de la beauté de la Haute Renaissance. Caravage veut nous montrer les Hommes tels qu’ils sont et ne recule pas devant la laideur, contrairement aux artistes du XVIème siècle. Tous les peintres baroques adhèrent à ce principe de vérité et Rubens, sous couvert de mythologie antique, ira très loin dans la représentation de la laideur.

Enfin, si le peintre classique confie aux personnages la charge de l’expression des passions, le peintre baroque essayera de communiquer au spectateur son état émotif et de provoquer chez lui une réaction sentimentale. Les états de l’âme s’affichent sur les personnages. Le divin reste mystérieux et invite à la réflexion. La mort, la souffrance, l’humilité de la vie quotidienne sont les sujets de prédilection du Baroque.

Hervé BONSARD efface volontiers les frontières entre la vie et la mort, le rêve et la réalité, le vrai et le faux. Il imagine le monde comme un théâtre et la vie comme une comédie. Il aime la surprise, l’héroïsme, l’amour et la mort. Il insiste aussi sur les différences entre les êtres, les sentiments et les situations…. La peinture de cet artiste place le Baroque sous les signes de l’irrégularité, du spectaculaire, de la métamorphose, de l’éphémère, de l’illusion et de l’identité vacillante, ses compositions cherchent à provoquer chez le spectateur une réaction sentimentale.

Ses compositions s’apparentent à un véritable choc visuel. L’effet de surgissement de l’obscurité des formes violemment éclairées relève d’une vision réaliste et moderne, vive et dynamique. La diagonale remplace la construction en triangles imbriqués et l’équilibre sage de l’horizontale et de la verticale datant de la Renaissance. L’éclairage se veut changeant. Des percées lumineuses sur fond de ciel sombre dans le paysage provoquent des zones contrastées entre ombre et lumière.

L’unité est à rechercher dans le jeu des relations entre les figures et leur environnement selon une conception dynamique de l’espace. Il oblige le spectateur à résoudre le sens de l’action et à chercher, dans cette accumulation de détails, les clés pour sa compréhension.

Hervé BONSARD tente volontiers de traduire l’insaisissable, c’est à dire qu’il aime représenter des situations passagères. Ce sentiment d’instabilité et « d’éphémérité » se retrouve également dans la mise en scène. Les personnages sont en mouvement, pris dans le vif d’une action. Du coup, la narration se fait  au présent et ne contient plus l’exhaustivité d’un message compris dans le regroupement de symboles comme dans la peinture classique ou l’art contemporain.

Le retour aux sources

 

L’art moderne repose sur la transgression des règles de la figuration classique (Impressionnisme, Cubisme, Surréalisme…). L’art contemporain, lui, transgresse la notion même d’œuvre d’art telle qu’elle est communément admise. Par exemple, l’œuvre ne sera plus faite de la main de l’artiste mais usinée par des tiers. L’acte artistique ne réside plus dans la fabrication de l’objet mais dans sa conception, dans les discours qui l’accompagnent, les réactions qu’il suscite… L’oeuvre peut être éphémère, évolutive, biodégradable, blasphématoire, indécente.

Comme les peintres baroques qui luttaient contre un monde idéalisé de la Haute Renaissance, Hervé BONSARD trouve nécessaire de s’opposer à l’art actuel, à la suprématie de l’idée, à l’art conceptuel et au régime de la singularité en s’attachant uniquement à l’habileté et la rareté.

Son challenge était de mêler recherches historiques et expériences sans s’écarter de faits réels. Il a fallu plus de 10 ans pour retrouver ces méthodes et techniques jalousement gardées. Le Classique, l’art moderne, l’art contemporain, les écoles d’art ont fini par effacer ce savoir-faire qui demande exigence, patience et rigueur. Afin de peindre comme dans les ateliers du début du XVIIème siècle, une démarche d’autodidacte, bousculant tous les codes, a donc été nécessaire.

En réalisant des expériences physico-chimiques et en croisant des lectures d’anciens livres sur les teinturiers, les apothicaires et les peintres, Hervé BONSARD a retrouvé d’anciens ingrédients et règles de compositions. Il a accumulé un nombre important de recettes et presque tout réinventé comme les pinceaux, les supports, les huiles et vernis, les pigments et peintures…

Petit à petit il a accumulé des compétences qui ne se transmettent plus aujourd’hui. Comme les peintres de cette époque, il connait les noyers qui produiront les noix pour son huile, les sites où sont extraits ses pigments, les arbres qui lui procurent une résine pour ses vernis. Il récupère sur certains animaux les poils et plumes pour réaliser ses pinceaux et outils de dessin. Quelquefois il produit lui-même ses pigments, ses encres et fabrique ses instruments pour la pratique de cet art.

Outre la liberté que cela procure, cette démarche rapproche sans conteste le peintre baroque de la nature. En relation directe avec elle, en évacuant l’imaginaire, les croyances , les savoirs, et les outils industriels, Hervé BONSARD cherche à interagir librement avec elle. L’adaptation n’est-elle pas la source de la création sur terre ?

 « Je remercie très sincèrement mes proches, tous mes amis collectionneurs et amateurs de peintures de me permettre d’assouvir mes rêves et mes passions et de réaliser mes créations. » Hervé BONSARD